IL COURT TOUJOURS (A Yann et Pat)
Il gravit les montagnes
Jusqu'à en perdre le souffle
il veut échapper à ce bagne
Mais il court toujours
Au delà des vallées
Le souffle est régulier, toujours il court
Il rêve parfois d'abandonner Près de sa belle enfin se coucher
Mais il court toujours
Et se mêt à rêver
A demain quand il va l'embrasser
Sa peau est si douce, il veut lui faire l'amour
Mais il court toujours
Les chemins caillouteux
Ne lui laissent aucun répis
Il en a plein le dos
Mais il court, le valeureux
Quand parfois il s'endort
Sur le chemin bordé de boutons d'or
Un élégant bovin affamé
Le fait fuir, matador apeuré
Pas de repos en ces lieux isolés
Il grimpe, s'agrippe, il a mal aux pieds
Mais il court toujours
En espérant un jour arriver
Il court toujours
Et gravit les cols escarpés
Lorsque enfin il passe l'arrivée
Il jure de ne jamais recommencer
Mais quand il s'est reposé
Il n'aspire qu'à continuer
Il court toujours
Il court
ENFOIRES
C'est l'histoire d'un enfoiré
Qui ne se prenait pas au sérieux
Il faisait rigoler
Même les gens malheureux
Un jour, il a crié
Il a crié si fort, il a hurlé
Nous sommes tous des enfoirés !
Allons-nous les laisser creuver ?
Ils ont faim, froid, ils sont si fatigués
ils n'ont aucun toit pour se réchauffer
Nous sommes tous des enfoirés !
Crier ne lui suffit pas
Il met alors le branle-bas
Il casse les cadenas
De tous les enfoirés d'ici bas
Et nous somme de vider nos débarras
Se met alors en route une machine
Il réussit à créer une cantine
pour la pauvreté citadine
La misère ne sera plus jamais orpheline
Il fait appel à ses amis, tous des enfoirés
Des chanteurs, des acteurs, tous bien inspirés
Pour quelques sous ils vont chanter, danser
Ne rien garder tout redistribuer
A ceux qui crèvent dans la rue, les désoeuvrés
Nous sommes tous des enfoirés
Que cela ne nous empêche pas d'aimer
Et de tout donner
Amen !
SALE CRABE (à Sabine)
Hors de ma vue
Sale Crabe
Tu détruits tout sur ton passage
Tout en douceur, sans arbitrage
Sans distinction, tu me mets à nu
Sale crabe
Tu me grignotte sournoisement
Sale crabe
Lentement, méthodiquement
Tu as tout ton temps
Tu veux me manger, absolument
Sale crabe
Mais ! Je suis plus forte que toi
Sale crabe
Mon corps te dictera sa loi
Bientôt c'est toi qui aura froid
Toi aussi tu connaîtras l'effroi
Sale crabe
Jamais tu ne m'auras
Sale crabe
Sache-le une bonne fois
Mon corps est à moi !
Je te renvoie, fiche le camps
Sale crabe
Tu es seul en moi
Sale crabe
J'ai des millions d'amis auprès de moi
Qui te combattrons, hors la loi
Tu ne gagneras pas ce tournois
Sale crabe
Chacun chez soi !
LES YEUX DE YACINE
Dans les yeux de Yacine
L'Afrique se dessine
Sous la chaleur assassine
Du soleil aux lueurs mutines
Le baobab majestueux
Offre une fraîcheur à l'aventureux
De la savane broussailleuse
Ici l'eau est rare et précieuse
la terre rouge comme le feu
Recouvre tout d'un linceul poussiéreux
Et semble dire "attention aux yeux"
Je saurai vous rendre malheureux
Mais dans les yeux de Yacine
Aucune humeur chagrine
Une petite lueur coquine
Un clin d'oeil à misère sa voisine
APPARITION
Un après-midi ensoleillé il est apparu
Situation un peu incongrue
Il est accompagné d'une cinconnue
La scène paraît ambigüe
Ses grands yeux bleus azurs
Invitent à l'aventure
Otant sans attendre sa douce armure
Elle s'offre à lui sans plus de censure
Il est beau le prince charmant
Devenu ensuite son amant
La belle se pâme à son bras fièrement
Lui parlant d'amour en quelques chuchotements
Il doit alors abandonner ses conquêtes
Offrant tout son amour à la princesse secrète
Piqué en plein coeur d'une fléchette
Ne se lassant de cet intime tête à tête
Il est fièr le beau prince amoureux
Cela le rend parfois fiévreux
Tant la belle le rend heureux
L'invitant à se blottir en son sein chaleureux
Belle apparition un après-midi ensoleillé
Ils s'aiment en toute simplicité
Telle est donc la destinée
De ces amoureux à jamais enlacés
LE CYGNE
Le cygne majestueux veille
Il est le gardien de ces lieux
L'étang se délecte de ce touché duveteux
A l'aube qui s'éveille
L'onde s'arrondie, reflète au soleil
L'ombre de cet ange bienheureux
Glisse sur l'eau d'un air sérémonieux
Il dresse son long cou, tend l'oreille
Au loin, le croassement d'une corneille
L'éveille au souvenir douloureux
Qu'hier ils étaient deux
Que ce matin, sa belle jamais ne s'éveille
Alors, le cygne se dresse
A croire qu'il rentrera glorieux
De sa ballade sur l'étang silencieux
Mais déjà se couche le soleil
Le cygne majestueux perd de sa merveile
Déploie ses ailes et d'un geste douloureux
Prend son envol vers d'autres lieux
Ou peut-être sa belle déjà s'éveille
Le retraité (à Maurice)
Et voici que sonne l'heure des 60 ans du retraité
Tant d'années elle aura été souhaitée
Toute une carrière à brancher l'électricité
A Riantec... une petite estafette...en 70... est née une amitié
Qu'ils sont bons les escargots après la pluie...
Enfins... ils sont bien meilleurs farcis
Après avoir dégusté le désaltérant pastis
Celui qui ne se boit qu'entre amis
L'après-midi, un p'tit tour du coté de la rivièrer chantante
Encore qu'ele ne chante pas Amala la Portugaise ravissante
Dommage !
Du lit de la rivière, naissent saumons et truites odorantes
Qui ne manqueront pas de finir au bout de l'hameçon, frétillants
Arrive le week-end, la visite de "ses petits"
Clémebnt, Maxime, et le tout petit,
Ces trois là, en vérité sont de vrais trésors, je vous le dis
Ensembles, ils s'amusent, se jouent de tout, ainsi va la vie avec papi
Quand vient le soir, que la nuit tombe, Maurice fatigué
S'installe dans son moelleux canapé
Avec un peu de chance un western ce soir va passer à la télé
Vite... écriteau "ne pas déranger"
Et voici que sonne les 60 ans du retraité
Passe le temps dans son petit potager
Où poussent les courgettes cultivées
Qu'il sert fièrement à la table de ses amis invités !