Le bel arbre rouge
Le bel arbre rouge
Ce n’est pas un arbre comme les autres, vous le verrez bientôt. Il est grand, fin, a de belles feuilles fines et dentelées et un tronc merveilleusement rouge. Comme de l’acajou, ce bois précieux que tout le monde recherche…
Lui, ne sait pas très bien qui il est. Il s’en moque car tout ce qu’il veut, lui, c’est chanter. Enfin chanter ce n’est pas tout à fait le mot, je dirais plutôt siffler. Comme fait le vent dans les feuilles de ses branches.
Mais il ne siffle pas n’importe quand. C’est qu’il est très malin le bel arbre rouge. Il attend que quelqu’un passe près de lui, et il se met à siffler un air entraînant si la personne marche vite ou encore un air triste si la dame semble ailleurs, un air gai pour des enfants qui s’amusent autour de lui, il siffle ce que vous voulez finalement, il le voit dans les yeux des passants et il se met à vibrer.
On le voit même à ses feuilles qui tremblent de bonheur.
Je crois qu’il aime bien rendre les gens heureux.
D’ailleurs tous ceux qui passent par là, cherchent bien d’où vient cette jolie musique, mais personne n’ose croire qu’un arbre est capable de faire ce genre de chose.
Vous y croyez vous ? moi oui, mais chut ! il faut juste écouter !
Un jour, un homme passe, la tête penchée vers le sol. Il semble tracassé, pas triste, juste occupé dans ses pensées.
Le bel arbre rouge se met à siffler. L’homme s’arrête net. L’arbre continue sa jolie mélodie d’une voix fine, comme un rossignol. Plus il siffle et moins il a envie de s’arrêter de jouer. L’homme lui sourie. Mais ! comment peut-on sourire à un arbre ?
Il a enfin trouvé son bonheur ce monsieur. Il court chez lui et revient avec une scie et une hâche. il coupe le bel arbre rouge délicatement, sans lui faire mal surtout.
Non, ne soyez pas triste, vous allez voir, la suite est très jolie.
C’est un monsieur très gentil, vous savez. Il aime beaucoup la nature et tout ce qui l’entoure.
Il rentre chez lui, avec le tronc de l’arbre rouge, qui siffle toujours, on dirait même qu’il est plus heureux qu’avant.
Peut-être a-t-il compris ce qui l’attend !
L’homme se met à tailler dans la chair rouge, il coupe, il taille, il lisse, il caresse le bois comme il caresse la joue d’un enfant. C’est qu’il l’aime son bois rouge. Il le cajole, il lui donne une jolie forme, le lisse encore, encore, jusqu’à ce qu’il soit doux comme la peau d’une pêche. On dirait un instrument de musique ! c’est joli mais pas encore terminé. L’homme travaille sans relâche, il oublie même de manger et de dormir.
Enfin, il semble content de lui. Il vernit le bel instrument rouge, qui siffle toujours gaiement. Il brille de mille feux désormais. C’est la plus belle chose au monde qu’a vu cet homme. Il est tellement heureux qu’une larme de bonheur coule sur sa joue.
Il met des cordes à l’instrument, prend son archer et se met à jouer. Oh ! c’est étrange, on entend plus le sifflement !
Mais c’est normal, il ne faut pas s’inquiéter, il est toujours là, le bel arbre rouge, simplement, il a trouvé un ami, un monsieur bien gentil, qui l’aime et qui chaque jour l’emmène et le fait jouer de la musique devant des centaines de personnes qui s’émerveillent devoir un si beau violon et d’entendre si bien jouer pour eux.
L’arbre et le monsieur sont heureux à jamais. Et vous savez quoi ? je suis retournée dans le parc où se trouvait le bel arbre rouge. Ce que j’y ai vu m’a transformée de joie. Sur le bout de tronc resté en terre, et bien, il y a de petites branches qui grandissent et grandissent chaque jour.
L’arbre est toujours là. Il a sifflé pour moi vous savez.
Il faut attendre qu’il grandisse et nous verrons bien si le monsieur reviendra pour en faire un autre instrument qui rend les gens heureux.
En attendant, écoutez bien dans la forêt et peut-être entendrez-vous un arbre siffleur vous aussi ?
FIN
Annaïck